Réflexions | Un jour ... j'ai cessé de faire des efforts.

By mars 05, 2019 ,







"Fait un effort".

Je crois que ma vie pourrait tenir toute entière dans cette phrase. Il y encore très peu de temps, il m'était très difficile de ne pas me laissé submerger par cette impression- doctrine sociale ?- qu'il faut sans cesse s'investir d'avantage et cela dans tous les domaines (couple, famille, travail ..). Au point d'avoir envie de hurler mon raz-le bol. Ou de fondre en larmes, taraudée par cette bonne vieille culpabilité.


Mes croyances sur  l'effort.


L'effort, ce dogme contraignant.


« Sois gentille », « Fais- moi plaisir », « Si tu t'écoutais un peu moins... », « Sers les dents », « Allez, tu peux mieux faire... », « Tu ne vas pas abandonner quand même ? Fais un effort! », « Fais ce que je te demande », ... 

Pour te faire des amis, pour réussir en math, pour perdre tes dix trois kilos en trop, pour te remettre au sport, pour trouver un travail, pour réussir ton couple, pour t'épanouir dans ton job, pour avoir ton permis, pour résister aux pralinés dans la vitrine, pour économiser, pour protéger l'environnement ...

Nos vies sont remplies de tâches plus contraignantes les unes que les autres, que nous tentons d’assumer tant bien que mal. Nous « prenons sur nous », nous « fournissons des efforts » pour continuer à avancer.
Parfois dans un éclair de lucidité, on essaye de se révolter ou on envoie tout envoyer balader. On essaye de prendre un chemin de traverse qui nous sera moins pénible. 
Au fond, nous savons bien que nous n’avons plus envie de faire un quelconque effort. Mais pour nous donner bonne conscience (oui, la culpabilité est vraiment très lourde à porter), nous nous « activons » dans le but de fermer le clapet de ce foutu Jiminy Criquet, qui nous incite à faire « comme tout le monde », selon ce qui est (prétendument) attendu de nous.

Les efforts, une lutte contre soi-même. 

Tous ces messages contraignants , cela fait des années, des décennies, depuis ma naissance, que je vis avec. Bon an, mal an. Avec de plus en plus de lassitude et de frustration. Et je sais que vous aussi. 

Et puis, un matin, j'ai réalisé que si je devais faire des efforts, c'était que j'étais entrain de me tromper de chemin. 

J'étais entrain d'envoyer une énième lettre de motivation pour un poste administratif qui ne me faisait absolument pas rêver mais qui aurait eu le mérite d'apaiser les angoisses de tout le monde quant à mon avenir professionnel. Et cela m'a coûté. Vraiment coûté. Au point de rechigner, renâcler, pour faire la lettre, le CV, remplir l'encoche du mail ... 

Et cette autre petite voix dans ma tête, celle que j'aime tellement mais que je n'entends que trop peu qui me soufflait que j'étais entrain de me gâcher, de gâcher mes talents, de gâcher mon énergie, ma motivation pour des objectifs qui ne sont pas les miens mais ceux imposés par des tiers.
Parce que si je me force à « faire des efforts », c'est que , fatalement, je vais dans une direction, vers des objectifs, qui ne me correspondent pas, non ? Cet effort – qui est forcément pénible sinon ça ne serait pas un effort – n'est- il pas un signal d'alarme m'indiquant que je ne suis plus sur ma propre voie, celle qui est censée me « faire du bien », celle qui doit aller dans le sens de mon  bien-être et de mon épanouissement personnel ?

A lire aussi : Un jour ... j'ai arrêté le développement personnel. 


Le véritable sens derrière l'effort.


C'est à cet instant précis que j'ai compris comment je devais interpréter cette sensation de devoir faire des efforts. Que si nous devons faire beaucoup d’efforts épuisants pour régler une situation, c'est que nous ne sommes pas en cohérence avec nous-même. Que cette sensation pénible de devoir se défoncer, prendre sur soi, serrer les dents est simplement là pour nous faire comprendre que nous sommes sur une voie qui n’est pas la nôtre, que nous nous sommes égarés. Que ce que nous faisons  ne va pas dans le bon sens, ou en tout cas pas dans celui qui est le nôtre.  Alors pourquoi gaspiller inutilement mon énergie pour des gens  à qui je ne donnerais jamais satisfaction quoi que je fasse ou je dise ? Pourquoi ramer depuis des années à atteindre des objectifs illusoires ? 

J'ai arrêté de faire des efforts.

Mes résistances.

Mais si on ne fait pas d’efforts, alors on va devenir une personne mauvaise, méchante, fainéante, égoïste, … et personne ne va nous aimer (#momentcalimero).

Cet aspect du discours commun ne vous est inconnu, pas vrai ?

Et bien je peux vous dire qu'il est profondément inscrit dans mon cerveau.  Par chez moi, une personne qui n’est pas capable de se forcer est sans volonté.Elle n'a donc pas suffisamment de force, de motivation, de détermination pour faire ce qu'elle n’aime pas faire, pour « se forcer » à faire ce qu’elle souhaiterait pourtant éviter comme la peste. Chez nous, l'art de faire des efforts est d'un bon goût exquis. C’est lutter contre soi-même, contre « ses mauvais penchants » #foutuemoralecatholique, et ceux qui n'y parviennent pas sont souvent toujours perçus comme des paresseux, fainéants, bon à rien (rayer la mention inutile).

Bref, a de la volonté (et du mérite!) celui qui réussit à la force du poignet, celui qui se fait « violence » contre lui-même. 

Damn. Manquerais-je alors de volonté ?
Je ne pense pas, car si j’ai la « volonté de réussir », c’est que j’en ai le désir, le projet, donc la détermination, la persévérance, l’opiniâtreté, non ? Ce qui nécessite d’avoir de l’énergie, de la rigueur, de la fermeté jusqu’à la réalisation de mon objectif. Et cela, mes amis, j'en ai à revendre. 
Sans avoir à fournir le moindre effort. 

Alors je me suis demandé :  
  • Pourquoi ne pas faire autrement ?
  • Et pourquoi ne pas faire autre chose ? 
  • Et pourquoi ne pas faire ce que j’ai (vraiment) envie de faire ? 
  • Et pourquoi ne pas faire ce qui me ferait réellement du bien ?


Simplement être soi. 

Finalement, on a le droit de ne plus avoir envie de faire des efforts.

Je trouve cela même enviable.

La clé c'est de se laisser naturellement et spontanément être ce que l’on est. C’est lorsque cette liberté d'être soi-même est étouffée et emprisonnée par nos « je ne dois pas », « il faut que », « je devrais », « je ne peux pas », … que notre comportement devient inapproprié. La vraie satisfaction naît dans l'emploi de nos talents, et non dans les sacrifices que nous nous sentons devoir faire pour mériter la reconnaissance ou faire taire la culpabilité.

Ce qui est gratifiant, positif, et qui apporte une vraie valeur ajoutée au monde qui nous entoure, ce sont tout ces moments qui nous fait perdre la notion du temps.

Ces instants qui m'offrent la possibilité de continuer à apprendre, de réussir quelque chose, d'être utile à d'autres, de m'épanouir. Des expériences qui, une fois accomplies, me donnent une certaine satisfaction. Des défis qui me permettent de découvrir que, contrairement, à ce que je pensais, je suis capable d'accomplir telle ou telle chose. Des actions qui me permettent de grandir, de me réaliser, sans être sanctionnée par le regard des autres. Des choix, des décisions, pour être en adéquation avec mes idéaux de vie, pour réaliser les choses qui me tiennent à cœur, pour ne pas laisser mes rêves s'échapper, pour apprécier chaque jour qui passe .

Dans toutes ces situations, la notion d’effort disparaît et laisse place à la motivation, au moteur qui nous propulse, à la créativité et à la joie. Et c'est bien cette joie là qui nous permets d'accomplir de belles et grandes choses ! (# lajoiesignaturedemesplusbellesréussites)

En effet, je le dis et je le répète, la réalisation d’un objectif tient plus à la bonne volonté, la joie, la bonne humeur , la détermination et à votre sens des responsabilités qu'à des efforts en tant que tels.

Toutes vos actions ne demandent pas nécessairement de suer sang et eau pour être une réussite .
Seul le résultat compte, qu'importe le chemin que vous prenez pour y arriver. Autant qu'il soit agréable et qu'il respecte vos valeurs et vos convictions dans ce cas, non ?

Parce qu'au final, en baver pour des choses qui ne sont pas de notre fait,de notre volonté, de notre choix, ne nous rend pas plus méritant, épanoui ou heureux.

Ces efforts que je ne fais plus. 



Suivre aveuglément les modes vestimentaires. 


J'aime être jolie aux yeux de mon homme, j'aime qu'il me dise que je suis belle, que cette tenue me mets en valeur, que ce maquillage me fait de jolis yeux ou que ma nouvelle coupe me va à ravir.  .
Par contre, j'ai laissé tombé l'idée d'être à la pointe de la mode. Je ne me force plus à rentrer dans des robes, des jupes, des collants et toutes ces choses qui me donnent l'impression d'être déguisée.Je ne me flagelle plus non plus de ne pas avoir plus de trois paires de chaussures, de faire l'impasse sur le maquillage même quand je
bourgeonne ou de laisser traîner ma colo un peu plus longtemps que les 8 semaines réglementaire.   J'ai pris du temps pour trouver un style qui me corresponde et qui corresponde à mes valeurs et à mon mode de vie. Et tant pis si ce n'est pas compatible avec les clichés qui collent à la gente féminine. 


Mon poids. 

Pour mon poids, non, je ne fais plus d'effort. Mais vraiment plus. Parce que je sais dorénavant qu'il existe de multiples trajectoires qui mènent au surpoids ( les habitudes familiales, la génétique, les hormones..).J'ai toujours exactement X kilos de trop. J'ai décidé il y a longtemps que je ne ferais plus de régimes. Parce que cela n'a jamais rien changé. Mes kilos en trop ne sont jamais partis, malgré tout mes efforts (hahaha, vous noterez la référence subtile). Même en me privant de pâtisseries, de viennoiseries, de frites, de féculents, de burgers, de pizza, de pralinés, de crème dessert, de gâteaux, de matières grasses, de sucre. De goût. De plaisir. De tout. Même en crevant de faim. J'étais ronde. Je suis encore plus ronde. Plus. Et encore plus. Entre les deux, quelques mois de privation et de dépravation mentale. Donc là aussi, j'ai fais l'impasse. J'ai appris à m'aimer avec mes formes. Je ne me sens plus monstrueuse quand je me regarde dans le miroir. Pour moi, le combat était là et il est amplement gagné. Je me contente donc de manger le plus équilibré possible et d'avoir une alimentation qui rejoigne mes considérations écologiques. 


Le travail, le salariat et compagnie. 

Le travail, ça à toujours été une question épineuse pour moi. Tout ceux qui me suivent depuis le début le savent bien. Les autres ... Cette partie de ma vie étant derrière moi, nous n'allons plus remuer le couteau dans la plaie. Ceci étant, je le note ici car c'est l'un des principaux domaines où j'ai cessé de faire des efforts, de vouloir rentrer dans le moule et de me forcer à faire des choses qui ne me convenaient pas. Cela m'a pris du temps. Beaucoup, beaucoup de temps. Mais très clairement, aujourd'hui, je sais qu'il est fortement improbable que je retourne au salariat ( sauf cas très spécifiques) et que l'esprit entrepreneurial continuera à me guider dans la plupart de mes actions et de mes décisions. Je sais également que je n'aurais très certainement jamais un vrai boulot ( c'est à dire un CDI/35H dans une boîte avec un nom de métier que les plus de 40 ans peuvent connaître, parce que quand même Consultante éditoriale et créatrices de contenus éthique, qu'est-ce que c'est que ça pour une ambition professionnelle ..) mais tant pis. C'est aussi bien ainsi. Pour moi, le plus important c'est d'être fière de moi en me couchant le soir. Et très clairement, c'est rarement arrivé dans mes emplois salariés. 


Conclusion 

Vous n'avez pas besoin de faire d'efforts pour atteindre vos objectifs. 

Vous êtes méritant même si vous ne frôlez pas le burn-out à tout instant. Vous n'êtes pas obligez de faire ce que les autres attendent de vous, même si c'est une norme communément admise. Vous avez le droit de suivre votre propre rythme.Vous avez le droit d’exprimer vos émotions, vos sentiments, même s’ils ne sont pas « politiquement » corrects. Vous avez le droit d’ignorer notre bonne vieille société culpabilisante et  de lui préférer votre intuition qui ne vous veut que du bien.Vous avez le droit d’expérimenter et de vous tromper. Vous avez même le droit de renoncer. Vous avez le droit de penser tout ce que vous voulez et vous avez même le droit de dire à votre mère d'aller vois ailleurs si vous y êtes. 

Oui vous avez le droit de faire et de penser "autrement". 

Et quand vous l'aurez accepté, vous n'aurez plus à faire d'effort un seul jour du reste de votre vie. 

Alors si vous vous surprenez à faire des efforts – et que pour couronner le tout cela vous pèse – prenez du recul sur la situation pendant un instant et demandez-vous si ce que vous vous apprêtez à faire est réellement : utile / nécessaire / sensé / constructif / épanouissant / joyeux… (vous avez compris l’idée).


Si vous avez des questions, remarques ou suggestions, n'hésitez pas à m'en faire part dans les commentaires.















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9 Comments

  1. Superbe article !! Tellement d'accord J'ai également arrêté de me battre même si ce n'est pas toujours facile. Mon corps a eu besoin après ça d'un temps de repos, que j'ai accepté, puis l'envie revenue je me suis activée sans jamais me faire violence, et avec passion :) Merci Di

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    1. Personnellement, je me surprend encore à retomber dans mes mauvaises habitudes, mais la lassitude me gagne bien plus vite qu'avant et me remet rapidement dans le bon chemin !

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  2. Je me reconnais énormément, surtout dans la partie boulot. A partir du moment où j'ai cessé de me contraindre, j'ai commence à me sentir mieux et comme toi, je ne pense pas qu'un jour, je puisse retourner au salariat, sauf, comme tu le dis bien, cas bien spécifiques!

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    1. Ah, le travail … ça cristallise souvent bien des problématiques. Parfois, quand je retombe dans mon ancien mode de fonctionnement " petite fille parfaite qui veut faire plaisir à tout le monde ", j'ai une crise de " et si je trouvais un boulot qui rassurerait tout le monde blablabla" … puis je regarde les offres, l'ennui me prend et ça passe XD Y a vraiment rarement des offres qui me font vibrer ^^'

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  3. Je me souviens du jour où j'ai annoncé à mes parents que j'arrêtais mes études de juriste pour ouvrir une boutique de meubles restaurés. J'ai crû qu'ils allaient faire une attaque. Mais j'étais arrivée au point de non retour. Je m'étais fais violence des mois durant, luttant contre mes angoisses à qui mieux mieux, passant des nuits blanches à poncer , nettoyer, peindre pour me sentir mieux. En cohérence, comme tu dis. Et c'est vrai que depuis que je ne fais plus d'efforts pour mon travail, tout s'enchaîne avec fluidité, facilité et douceur. C'est assez ahurissant quand on a un esprit rationnel comme le mien. Mais cela fait du bien ! J'applique le même état d'esprit pour ma vie amoureuse ou sociale mais je me rend compte en lisant ton article qu'il a des domaines où je dois encore lâcher du lest, comme la mode et le maquillage … Merci pour cet article en tout cas, ça fait du bien de lire des gens qui remettent un peu les dogmes de la société en question …

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    1. Pas de quoi ! Comme dit, remettre les choses en questions, c'est la raison d'être de ce blog haha ! Oui, en effet, faire le pont entre un métier comme juriste et l'artisanat, c'est assez énorme comme virage. Moi aussi il y a des domaines où je dois encore lâcher du lest … Le ménage et le rangement par exemple, la vie sociale ^^" … il y a encore des domaines où je me mets la pression pour pas grand chose …

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  4. Clap, clap, clap !!! (si tu n'avais pas reconnu, j'applaudis ;p)

    Cela fait LONGTEMPS que je ne fais plus aucun effort. Rien de rien. Niet. Que dalle.
    Pourtant, je viens aussi d'une famille pour laquelle l'effort est méritant. Mais tout dépend ce que tu poses derrière le mot "effort".

    Je ne fais plus aucun effort, et je réussis dans toutes les sphères de ma vie. Si vous pensez qu'il y a un problème dans l'énoncé, méditez dessus car non, il n'y a aucun problème. C'est parfaitement logique.

    Mais comme pour toi, pour apprendre cette leçon, il a fallu que je m'annihile dans l'effort. Au travail, dans mes relations personnelles ... Un véritable fiasco, tout ça pour tenter de coller un maximum à ce que la société/les autres voulaient que je sois.

    A partir du moment où on se sent forcé, c'est que quelque chose cloche. On n'est pas sur le bon chemin, comme tu le dis.

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    1. Ce que je trouve le plus difficile à gérer quand on choisi ce genre de voie, c'est la culpabilité. Je culpabilise beaucoup. Les critiques et les remarques de mon entourage me fragilisent beaucoup, me font douter ou me collent des angoisses. Parce qu'ils ne comprennent pas forcément que ce qui est normal pour eux puisse nous coûter autant ...

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  5. J'ai reçu à Noël un livre sur le sujet ! " Facile - L'art français de réussir sans forcer " de OLLIVIER POURRIOL que j'ai trouvé vraiment réjouissant, je te le conseil :) En ce moment, c'est dans l'éducation de ma fille que j'ai l'impression de devoir faire des efforts, pour être une bonne mère. D'autant plus que je suis maman solo. Mais ma sœur m'a donné un livre " comment les eskimaux gardent les bébés au chaud" qui est aussi très décomplexant en nous montrant qu'il y a mille et une façon d'être de bons parents ! Tout comme il y a mille et une façon d'être bien sans sa peau, épanouie, de réussir dans son travail, de gérer sa vie amoureuse, sa vie sociale … Donc faire des efforts me semble finalement bien illogique si on veut vraiment être satisfait de sa vie et de son quotidien :)

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